QinetiQ va s’appuyer sur le logiciel Sword du français MASA Group pour entraîner la Royal Navy
QinetiQ a remporté cet été le contrat Maritime Command and Staff Training (MCAST) de la Royal Navy, d’un montant de 25 millions de livres sur cinq ans (deux années optionnelles). Le dispositif doit entraîner les états-majors de la marine britannique — du Commander UK Strike Force aux Carrier Strike Groups (groupe aéronaval) et Littoral Strike Groups (zones côtières), jusqu’aux équipes de guerre des mines. QinetiQ pilotera le programme, sa filiale Inzpire assurera la conception et la conduite des exercices, MASA Group fournira, selon Janes, le moteur de simulation Sword, et 4C Strategies apportera Exonaut pour la planification et l’analyse.
Au cœur du projet, une ambition : rapprocher l’entraînement des conditions du combat multi-domaines. MCAST doit simuler les missions et modéliser l’adversaire, afin d’entraîner les staffs à conduire des opérations complexes et à gérer la montée en intensité. « MCAST est la prochaine étape de notre trajectoire d’innovation : une capacité de formation synthétique dédiée, pensée pour nous préparer à faire face aux menaces connues et émergentes », souligne le Commodore Andy Ingham, en charge des standards opérationnels et de la formation (FOST).
Du terrain au virtuel : continuité opérationnelle
Pour QinetiQ, l’enjeu s’inscrit dans la préparation de haute intensité : « Notre approche numérique et innovante répond à l’exigence d’augmenter la réactivité. MCAST placera les marins dans un environnement fidèle à la complexité des conflits futurs, multinational et multi-domaines », explique Will Blamey, directeur général UK chez QinetiQ. Inzpire construira des scénarios immersifs, tandis que QinetiQ déploiera et administrera une suite d’outils de captation de données couvrant la préparation, l’exécution et l’évaluation des exercices – de quoi boucler la boucle et alimenter les itérations suivantes. Le dispositif s’appuiera sur l’écosystème déjà en place (PETC) et sera piloté depuis Portsmouth.
Basée en région parisienne, MASA est une PME d’une petite cinquantaine de salariés, fondée en 1996 et reprise en 2022 par Albarest avec le soutien de Bpifrance-Definvest. Son logiciel Sword s’est imposé comme référence de simulation constructive pour l’entraînement des états-majors, avec un déploiement dans 25 pays. Initialement conçu pour la manœuvre terrestre (version française SOULT), Sword a étendu son spectre au maritime et à l’interarmées. La Force aéromaritime de réaction rapide (FRSTRIKEFOR) française s’est déjà entraînée avec cet outil pour des scénarios mêlant groupe aéronaval, amphibie et logistique de théâtre.
Sword, la référence de la simulation d’état-major
Atout clé : une intelligence artificielle (IA) décisionnelle et comportementale (DirectAI) qui privilégie la traçabilité des choix. L’objectif est de fournir des résultats cohérents et explicables, condition indispensable pour entraîner les officiers à la coordination, au tempo des ordres et à la gestion de l’imprévu, sans mobiliser des milliers de militaires sur le terrain. L’analyse après action native permet de mesurer les décisions, corriger les procédures et accélérer l’apprentissage collectif.
En parallèle, la Direction générale de l’armement (DGA) a confié fin 2024 à MASA le développement de TARAN, un nouveau logiciel d’entraînement pour les échelons opératif et stratégique. Au programme : génération de scénarios simplifiée, modules d’aide à la décision, modèles de comportements et représentations surfaciques plus fins, intégration renforcée des nouvelles menaces (drones, guerre électronique, cyber, influence). Les premiers modules doivent être éprouvés lors d’ORION 2026, avant une montée en puissance progressive.
À retenir : pour la Royal Navy, MCAST associe un simulateur éprouvé (Sword) à un écosystème outillé (Exonaut, data de bout en bout) pour multiplier les itérations et maîtriser les coûts. Pour MASA, l’ancrage britannique, additionné à TARAN en France, confirme un positionnement rare : une même colonne vertébrale logicielle au service de la terre, de la mer et de l’interarmées – au moment où l’entraînement des états-majors redevient un levier central de supériorité opérationnelle.
Image © MASA Group