Safran sélectionné pour développer le moteur du futur avion de combat indien AMCA
Pari stratégique pour New Delhi. Le ministère indien de la Défense a recommandé la signature d’un partenariat avec la France pour le développement conjoint d’un moteur pour leur futur avion de combat. Une décision révélée par The Economic Times qui marque une avancée majeure dans la quête d’autonomie industrielle de l’Inde en matière de défense.
Ce projet estimé à environ 6,7 milliards d’euros vise à concevoir un moteur de 120 kilonewtons (kN) destiné à équiper notamment le futur avion de combat indien AMCA (Advanced Medium Combat Aircraft). Le programme est ambitieux : cinq prototypes attendus d’ici 2027, un premier vol en 2028, une certification en 2032, et une production en série à l’horizon 2035.
Safran l’emporte face à Rolls-Royce
La proposition française, portée Safran, a été préférée à celle du britannique Rolls-Royce après un processus de consultation technique mené par des experts et des représentants de l’écosystème aérospatial indien. La clé du choix : un transfert de technologie jugé plus complet, incluant les savoir-faire critiques en conception, production et maintenance. L’offre du motoriste aéronautique français s’aligne aussi sur le calendrier de l’AMCA, ce qui a joué en sa faveur.
Ce partenariat représente une rupture stratégique pour l’Inde, dont tous les avions de combat actuels – Su-30, Rafale, LCA Tejas – sont propulsés par des moteurs étrangers. Le coût d’un moteur, et surtout de son maintien en condition opérationnelle, pèse lourd dans le cycle de vie d’un appareil. L’Inde s’y confronte depuis des années, sans succès jusqu’ici. Le programme national Kaveri n’a jamais atteint les performances attendues. Une version dérivée pourrait néanmoins équiper à terme des drones de combat.
Dans l’intervalle, l’Inde continue de négocier avec les États-Unis pour une licence de fabrication du moteur GE 414 INS6, destiné au Tejas Mk2. Mais là encore, New Delhi exige un niveau de transfert technologique très élevé, incluant le traitement des aubes chaudes, le perçage laser et la métallurgie avancée, des technologies rarement partagées.
Un partenariat clé pour l’AMCA
Avec la France, le signal est fort. Le ministre de la Défense Rajnath Singh, principal artisan de cette stratégie, veut créer un écosystème souverain de motorisation aéronautique. Le besoin est réel : selon les estimations, plus de 250 moteurs seront nécessaires pour équiper les futurs escadrons AMCA de l’Indian Air Force, et potentiellement une version navale pour la marine.
Au-delà de la production locale, c’est donc une montée en compétence structurante que vise l’Inde. Si le projet aboutit, il pourrait faire de New Delhi un acteur crédible dans l’ingénierie de propulsion aéronautique de nouvelle génération, un club aujourd’hui très restreint. Pour la France, c’est aussi l’occasion de consolider un partenariat stratégique, face à la montée en puissance de la Chine et à la compétition américaine sur le marché asiatique.